Un extrait de Diversion

Voici votre chance de faire plus ample connaissance avec Ketsia! 

Ketsia est née d’une mère leollen et d’un père humanoïde. Les Leollens quittent rarement le Bras de Persée pour s’aventurer dans le Bras d’Orion. Ce qui fait que sa mère était sans famille ni compatriotes. Les choses laissent penser que la mère de Ket aurait échoué les fameux tests génétiques du Conseil des généticiens leollens. Comme les individus tarés ont tendance à disparaître sans laisser de traces, c’est probablement ce qui a poussé sa mère a l’exile. 

Ketsia est une fonceuse. Elle a survécu à l’adversité sur sa planète natale, qui était en fait une terre d’exile pour ses deux parents. La planète était exploitée par une compagnie minière, jusqu’à ce que le rendement soit décevant et que toutes les infrastructures soient abandonnées. Les hommes d’affaires et les pirates s’étaient entre déchirés pour les restes. Et Ketsia s’était retrouvée orpheline sur une planète sans gouvernement. Ceux qui survivaient étaient soit les plus forts, soit les plus malins. 

Une fois partie de cette planète sans avenir, Ket a rencontré un homme avec qui elle a fait du transport. Malheureusement, les choses se sont mal passées et il est mort. Et elle a hérité de son entreprise. C’est par après que Ket et Dom se sont rencontrés. 

Dans Gemellus, il est question d’un malentendu qui perdure entre les deux. Dans Diversion, on voit Ketsia alors qu’elle tente pour une dernière fois de prendre contact avec Dom. Mais bien sûr, rien n’est jamais si simple. 

Je vous laisse un extrait! 

« Je fis tourner le tabouret sur lequel j’étais assise une fois de plus. Nova étira sa jambe pour me bloquer, sans lâcher son microscope des yeux. 

– Ket, reste tranquille un instant. Dès que j’ai fini, je m’occupe de toi. 

– On croirait entendre ma mère. 

Nova secoua la tête. Elle savait aussi bien que moi que ma mère avait disparu de ma vie depuis un bon moment et que ça n’avait rien de flatteur. Elle s’éloigna enfin du microscope. Je sautai sur mes pieds et approchai mon œil de l’oculaire. Il y avait tout un tas de petites choses grouillantes sur la plaquette.  

Soudain, tout devint noir sous la lentille. Je fronçai les sourcils et relevai la tête. Nova agita une main pour m’éloigner. J’ignorais sur quoi elle travaillait, mais comme elle était neurochirurgienne pour une entreprise spécialisée en procédures médicales de pointe, ce devait être confidentiel. 

Elle enleva son sarrau et me fit signe de la suivre dans son bureau. Elle prit place et tapa à l’ordinateur quelques minutes. J’en profitai pour faire le tour de la pièce. Il y avait beaucoup de photos d’elle et de Loïc, son frère jumeau. Ils avaient tous les deux les cheveux bruns et les yeux gris acier. Loïc la dépassait de quelques centimètres. Sur chaque photo, Nova affichait un sourire éclatant, alors que Loïc avait une imperceptible crispation des lèves en guise d’expression. Il souriait rarement.  

Sur une autre photo, on pouvait les voir avec leur frère aîné, Dominix, la raison de ma venue, et leur père Allan. Dom dépassait Loïc en carrure et en poids. C’était en partie dû à leurs prédispositions naturelles, mais aussi à leur préférence de style de combat. Loïc était plus arts martiaux et Dom avait une nette préférence pour la lutte. Ça lui donnait une largeur d’épaules appréciable avec une masse musculaire parfaitement répartie. C’était fort appréciable pour un autre genre de lutte, celle qui se passe sous les draps. 

– Pourquoi parlerais-je à Dom pour toi? demanda finalement Nova. 

– Parce que je t’ai aidé à brûler toutes les photos de ta mère quand elle vous a abandonnés? 

Malgré ma détermination, c’était sorti comme une question. Je me tournai vers elle. Dom avait dû peindre notre séparation comme une affaire sordide. Si seulement il voulait bien écouter mes explications, il saurait que c’était un énorme malentendu. En Terrien typique, Dom avait décidé que j’étais coupable jusqu’à preuve du contraire. Et comme il ne voulait pas prendre mes appels et qu’il m’évitait comme la peste, j’avais été incapable de plaider ma cause. Je lui avais laissé quelques mois pour s’en remettre, mais j’étais décidée à avoir une discussion avec lui, tôt ou tard. 

– Techniquement, ça faisait déjà cinq ans que ma mère nous avait abandonnés quand on a brûlé les photos, répondit Nova. 

Avant que je trouve un autre argument, quelqu’un donna trois petits coups sur la porte. Je mis la main sur la poignée et Nova acquiesça. J’ouvris sur un homme aux épaules étroites et aux lunettes noires. Il haussa les sourcils et resta là à me fixer. Je lui rendis la pareille. Il était plutôt mignon dans le genre souris de bibliothèque. Il avait une veste grise avec le logo d’une compagnie brodée sur la poitrine.  

Nova nous rejoignit et lui sourit. 

– Bonjour René. Je vous présente une amie de longue date, Ketsia. Ket, voici René, notre thanatopracteur officiel. 

Je lui jetai un regard confus. Le français de la Terre n’était pas ma langue maternelle. 

– Embaumeur, si vous voulez, dit René. 

– Ah, je vois. Je croyais que tu travaillais sur des gens dans le coma. 

Nova haussa les épaules. C’est René qui répondit. 

– Le sommeil et la mort sont des frères jumeaux, comme l’a souligné Homère. 

Je pensai à Loïc, le jumeau de Nova, avec une cape noire et une faux. L’idée était à la fois saugrenue et très juste. Loïc prenait souvent des contrats de tueur à gages depuis que Nova avait arrêté de faire des arnaques avec nous. 

– Très à propos, répondis-je. Attends que je dise ça à Loïc. 

Le regard de Nova s’assombrit. Visiblement, ils ne s’étaient pas réconciliés depuis qu’elle avait changé de carrière. Les mésententes étaient épidémiques chez les Kemp. Le regard de René alterna entre nous, visiblement intrigué par la réaction de Nova. Je m’éclaircis la gorge. 

– Je vous laisse à vos clients respectifs, dis-je. Penses-y Nova, et donne-moi des nouvelles, même si c’est non. 

Elle acquiesça. Je saluai René et me dirigeai vers le bout du corridor. Je descendis les dix étages par les escaliers, une habitude prise de Dom. Ma gorge se serra. Qui aurait pu prédire que je m’ennuierais même de ses tocs? Je repassai par la sécurité pour y laisser mon badge de visiteur. Je pris mon temps pour faire le tour du bâtiment jusqu’au stationnement.  

À quelques rangées de ma voiture de location, je remarquai que quelqu’un y était appuyé. Je ralentis et coupai à travers les rangées pour avoir un meilleur angle de vue. Je reconnus la silhouette massive et la tête d’enterrement. 

– Qu’est-ce que tu fais là, Jack? 

Le plus récent ajout à mon équipage était bâti comme un lutteur professionnel et était un mordu d’ordinateur. On se serait attendu à moins de cervelle vu la quantité de muscles. Un ami me l’avait référé et je l’avais embauché comme navigateur. J’étais plutôt habituée au type intello coincé à ce poste, un peu comme René le thana-chose, ou Teo, le navigateur de Dom. Ce cher Teo me manquait aussi. Bref, mon esprit n’arrivait toujours pas à réconcilier l’apparence de Jack à ses fonctions. 

– Détroit a été promue au dixième rang sur Terre parmi les endroits les plus dangereux.  

– Et? Ça te donne le droit de me filer? 

Il haussa les épaules et croisa les bras. Ce type était pire qu’une huître. Il pouvait y avoir deux explications à son comportement. Soit il avait le béguin pour moi, soit c’était un tueur psychopathe. Comme il savait que j’étais venue ici dans l’espoir de parler à mon ex, la théorie du béguin prenait l’eau. 

Je débarrai les portes de la voiture avec la télécommande.  

– Embarque. 

Je pris place derrière le volant et restai assise à fixer le pare-brise. J’avais vraiment misé sur le fait que Nova me donnerait le moyen de contacter Dom, ou encore sa position actuelle. Qu’est-ce qu’ils disaient déjà sur Terre, à propos du père Noël? Peu importait, inutile d’attendre un miracle. Je devais passer à autre chose. 

Un fourgon passa devant moi. Je reconnus l’embaumeur au volant. Je démarrai la voiture et sortis du stationnement à sa suite. La circulation n’était pas très dense. Nous étions dans un secteur industriel et ce n’était pas encore l’heure de la pause. Le fourgon prit la direction de la bretelle d’autoroute et je continuai de le suivre, comme c’était la route à prendre pour aller au spatioport.  

L’endroit était un ancien quartier résidentiel de Détroit. Les investisseurs hors planète avaient racheté les terrains à petit prix et ils avaient presque tout rasé pour bâtir des tours à bureaux et des locaux commerciaux. Il restait des îlots de verdure et quelques terrains qui n’avaient pas encore été développés. L’accès à l’autoroute était un peu compliqué, avec des bouts de rues qui ne menaient nulle part et des panneaux de signalisation désuets. 

Alors que je venais de passer un de ces carrés de verdure, la porte du fourgon devant moi s’ouvrit. J’eus tout juste le temps de freiner alors qu’un corps atterrissait sur mon capot. J’immobilisai la voiture complètement. Le corps roula au sol, hors de ma vue. J’échangeai un regard avec Jack. Il ne semblait pas plus enchanté que moi par ce nouveau développement. Je reportai mon attention vers l’avant. René continuait de rouler, sans savoir qu’il avait perdu une partie de sa cargaison. 

Je sursautai et agrippai le volant lorsque le cadavre se releva devant la voiture. La femme avait plusieurs écorchures et une vilaine entaille au visage. Ses cheveux blonds étaient emmêlés et cachaient une partie de ses traits. Elle regarda d’un côté, puis de l’autre avant de partir à la course vers la forêt. Complètement nue. »

Publié par Mélanie

Mélanie Dufresne est une auteur émergente de science-fiction et de fantastique. habite à Québec avec son conjoint et ses deux enfants. Entre la vie de famille et le travail, elle aime bien lire et faire de la randonnée.

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