Un extrait du prélude inédit

Dans un premier temps, je tiens à remercier tous ceux et celles qui suivent la campagne Ulule de près ou de loin. Je vous rappelle que nous avons dépassé les 150%! Ça signifie que le livre relié avec jaspage est financé, et que nous avons débloqué la dorure! =D

Je tiens à remercier du fond du cœur tous ceux et celles qui ont contribué jusqu’à maintenant. Ce succès m’enchante et je suis ravie de vous savoir au rendez-vous pour ce superbe bijou livresque. Nous nous dirigeons maintenant vers l’objectif 200% : les pages de garde en couleurs!

Aujourd’hui, j’ai envie de vous partager un extrait du prélude inédit. Comme vous le savez, cette nouvelle se déroule juste avant le début du premier tome « La Proie du Windigo » et elle est narrée à double voix, ce qui signifie que les points de vue de Karl et Ellie s’alternent. C’est votre chance d’en apprendre plus sur notre beau et mystérieux windigo. 😉 

Ce qu’il faut savoir avant de lire l’extrait :

  • Ce prélude est inclus dans tous les packs de la campagne (si vous choisissez le relié, pas besoin d’acheter le prélude à part).
  • Il est exclusif à la campagne Ulule : il ne sera pas sur Amazon ni sur ma boutique.
  • Choisir ce pack est le plus bel encouragement que vous puissiez me témoigner. ❤ 

Bonne lecture!


Ellie

Un étudiant au physique d’athlète passa devant moi pour atteindre la caisse. Ce n’était pas la première fois que je le remarquais, mais chaque fois, j’étais fascinée, car avec cette grâce et cette aisance innée, il aurait fait pâlir d’envie n’importe quel loup-garou. La plupart des étudiants dans la file de la coopérative universitaire avaient leur nez plongé dans leur téléphone ou fixaient les étagères avec l’air absent de ceux qui s’apprêtent à sacrifier un rein pour des manuels hors de prix. Pas lui. Il parlait avec le caissier – pas juste pour passer le temps, mais comme s’ils se connaissaient. Et à en juger par le sourire du commis, ce n’était pas la première fois que cet étudiant mettait les pieds dans le commerce.

Je ne l’aurais peut-être pas remarqué s’il n’avait pas été si… calme. Pas passif, pas détaché, mais ancré. Mon quotidien était rempli d’individus sûrs d’eux, autoritaires, dominants : c’était le profil de la majorité des Faoladh, les métamorphes héréditaires, et j’étais une pupille de la meute. Je n’avais donc pas tendance à être facilement impressionnée par les gens qui dégageaient une aura de meneur. Mais cet étudiant tenait ses effets dans une main – un livre de statistiques avancées et deux cahiers lignés – et il se déplaçait avec une gestuelle efficace, presque militaire. Alors que la plupart des étudiants jonglaient maladroitement avec leurs achats, lui avait l’air prêt à conquérir la boutique.

J’avais remarqué ce mystérieux inconnu pour la première fois l’hiver dernier. Un de mes cours avait lieu en même temps que l’un des siens, dans des locaux voisins. Malgré cette opportunité hebdomadaire, je n’avais jamais trouvé le temps, l’occasion ou le courage de l’accoster.

À quelques jours de la rentrée universitaire, j’avais profité d’un temps mort avant mon cours de kickboxing pour terminer mes achats à la coopérative étudiante. J’étais venue chercher un carnet pour mon cours d’ethnographie, mais ma main était arrêtée sur la reliure en spirale depuis au moins deux minutes. Mon regard revenait inlassablement vers lui. Il n’avait pas bronché lorsqu’une fille l’avait abordé. Elle avait surgi de l’allée des accessoires « Made in Canada » avec un enthousiasme qui frisait l’agression. Je m’attendais à ce qu’il saute sur l’occasion pour fanfaronner – juste avant de l’interpeller, elle avait tiré son chandail vers le bas pour dévoiler plus de décolleté. Mais il lui avait adressé un sourire poli, une réplique presque amicale, puis s’était excusé pour aller payer. Sans arrogance, sans rejet humiliant. Elle était restée là, le poing sur la hanche, à le regarder s’éloigner comme si elle venait d’être victime d’un sort d’amnésie. Je me détournai avec un sourire en coin. À sa tête, elle n’était pas habituée à ce type de réaction. D’autant que l’étudiant avait le physique du frimeur par excellence – dans le genre je-lance-un-regard-et-tu-te-dévêts. Pas lui.

Une voix familière retentit derrière moi :

— Tu viens d’apercevoir ton avenir?

Je me retournai avec un sursaut pour me retrouver face à Geneviève, un sourire mi-moqueur, mi-complice aux lèvres. Ses cheveux blonds brillaient sous les néons et elle tenait une pile de cahiers dans les bras, sensiblement les mêmes que les miens puisque nous partagions la majorité de nos cours.

— Tu as terminé tes achats? demandai-je pour détourner la conversation.

Elle haussa les sourcils et se pencha sur le côté pour voir ce qui avait accaparé mon attention. Le mystérieux étudiant venait de sortir du magasin, son t-shirt tendu par ses épaules dessinées. Un professeur arriva en sens inverse – un de ceux du département d’anthropologie – et ils échangèrent quelques mots comme de vieux amis.

— Ah, Karl Bragason, remarqua Geneviève. Bon choix. Il est dans mon cours de socio-éco des systèmes autochtones. Il court, il lit, et il est bénévole au club d’escalade junior le dimanche.

Je haussai les sourcils. Tout ce temps à l’observer de loin, à me questionner, et Geneviève aurait pu me fournir son identité? Je me mordis la lèvre avec un regard de regret vers la porte. J’aurais dû prendre mon courage à deux mains et lui en parler dès la première fois que j’avais aperçu Karl sur le campus.

— Il est en quelle année? demandai-je prudemment.

— Fin de bac*, m’informa-t-elle. Un petit prodige. Il mène une recherche dirigée sur les modèles économiques hybrides dans les communautés nordiques. Le prof Paradis l’adore.

Je hochai la tête, séduite. Un étudiant en économie, à l’aise avec les profs d’anthropologie… Il n’était pas juste beau, il était intéressant. Geneviève me fixa, les yeux plissés.

— Tu comptes aller lui parler?

Je louchai vers la sortie que Karl avait empruntée. Trop tard, il avait disparu dans le pavillon.

— Non. Je n’ai pas envie de passer pour une groupie de plus.

— Tu es sûre que tu ne veux pas qu’on organise une activité sociale où il serait « accidentellement » invité?

— Je ne suis pas exactement le genre fille à faire les premiers pas, grimaçai-je.

Geneviève éclata de rire.

— Tu veux dire, à part s’il s’agit d’une réserve de chocolat et d’un livre d’histoire obscure?

Je haussai les épaules, elle n’avait pas tort. J’étais bien plus à l’aise avec les morts qu’avec les vivants. Surtout les vivants séduisants et mystérieux. Elle me donna un coup de coude complice.

— Je peux te le présenter, si tu veux.

Je secouai la tête, déjà en train de ranger mon carnet dans mon panier.

— Je crois que je vais observer un peu d’abord. Discrètement.

Geneviève me fixa un moment, puis hocha la tête comme un général prêt à soutenir un plan de mission.

— Très bien, détective. Opération Bragason commence maintenant.

Je rougis jusqu’aux oreilles, mais je sortis de la coopérative avec un sourire. Peut-être que je ne lui avais pas parlé aujourd’hui, mais le trimestre débutait la semaine prochaine. Même s’il était en dernière année, ça me laissait jusqu’en avril prochain pour trouver le courage de lui parler. J’allais découvrir qui était Karl Bragason. Et pourquoi mon instinct, que je savais affûté à force de côtoyer des prédateurs, me disait qu’il n’était pas tout à fait comme les autres.

* Au Canada, le baccalauréat est un diplôme de 1er cycle universitaire, et il équivaut à un Bac+3 en France.

Pour lire la suite, contribuez à la campagne en choisissant n’importe quel pack! Le format ebook sera livré en juin et le texte sera inclus dans le livre relié.

Publié par Mélanie

Mélanie Dufresne est une auteur émergente de science-fiction et de fantastique. habite à Québec avec son conjoint et ses deux enfants. Entre la vie de famille et le travail, elle aime bien lire et faire de la randonnée.

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