1 million de mots

La semaine passée, j’ai franchi un objectif parfaitement arbitraire, mais dont je suis très fière : j’ai écrit 1 million de mots en carrière. Je suis millionnaire de mots! Ça m’aura pris 17 nouvelles, 15 romans complets et un en cours pour y arriver. 

Il y a une citation qui revient souvent dans les cercles d’écrivains, dont l’origine se perd, mais qu’on attribue généralement à David Eddings et qui se résume à “Le premier million de mots n’est que pratique”. C’est la version littéraire du 10 000 heures de pratique pour atteindre le statut d’expert dans un domaine. En revanche, avec ma vitesse de frappe, je suis plus près de 1 000 heures… (Mmm, est-ce qu’on vient de fixer le prochain objectif à 10 millions de mots?) 😉 Farce à part, avec la lecture d’ouvrages de référence, le coaching, les réécritures, les ateliers et les conférences, ce nombre d’heures doit aisément doubler. 

Comment cette aventure a-t-elle commencé? Toute petite, je me souviens avoir joué à faire semblant d’être une grande écrivaine connue. Plus tard, je remplissais des cahiers avec des fragments d’histoire. À quelques occasions, j’ai obligé ma famille à m’écouter les lire à l’heure du repas. Disons qu’il s’agissait d’un auditoire “captif” plus que “captivé”. Au fil des ans, je me suis quand même améliorée, car durant mon parcours académique, j’ai gagné deux concours littéraires, et j’ai été finaliste dans le cadre d’un recueil de poésie. Mes autres projets restaient cependant au stade de brouillons inachevés. 

C’est en 2009 que j’ai fait un retour aux études en secrétariat. On avait reconnu certains de mes acquis et j’avais été dispensée de quelques cours. Ajoutons à cela les trous dans mes horaires, entre la fin des classes et le covoiturage pour rentrer à la maison. Les premières semaines, j’ai passé le temps en lisant, puis un jour, j’ai eu le même déclic que plusieurs auteurs : j’étais parfaitement capable d’écrire une histoire tout aussi bonne que celles que je lisais. Et c’est ainsi que j’ai complété mon premier manuscrit en 9 mois. Une pure catastrophe. (Quoi, vous ne pensiez quand même pas que ce serait une merveille??) On pourrait classifier cette histoire de fanfiction, à mi-chemin entre Outlander de Diana Gabaldon et Mercy Thompson de Patricia Briggs. J’en garde une copie dans le fond de mes tiroirs, mais cette histoire ne verra jamais la lumière du jour, et c’est mieux ainsi. 

Après avoir dépensé 200 $ pour imprimer et poster mon manuscrit à diverses maisons d’édition, je me suis aussitôt lancée dans un deuxième projet, qui allait devenir Gemellus. En revanche, j’ai mis 3 ans à compléter ce manuscrit-là (en soi, le projet a mis 10 ans à atteindre sa forme actuelle, car je m’étais un peu éparpillée, aussi bien dans la narration que dans le genre littéraire). Pourquoi 3 ans alors que le précédent n’avait pris que 9 mois? Entre ma nouvelle carrière, l’achat d’une première maison et la naissance de ma fille, je n’avais pas beaucoup de temps à consacrer à l’écriture. Le désir d’écrire est une petite bête bien coriace et j’ai fini par trouver le temps de m’y remettre. Tout de suite après, j’ai commencé à écrire La Proie du Windigo, mais ma deuxième grossesse et l’arrivée de mon fils ont une fois de plus chamboulé mes habitudes alors que je n’avais qu’une dizaine de pages d’écrites. Éventuellement, les enfants ont grandi et j’ai pu respirer de nouveau. Le besoin d’écrire ne s’était pas érodé pour autant. Après une réécriture de Gemellus, j’ai enfin terminé La Proie du Windigo en 2018. 

L’année suivante, j’ai découvert que le monde de l’édition indépendante s’était transformé et qu’il offrait des possibilités bien plus intéressantes que de mourir de vieillesse en attendant les refus des maisons d’édition traditionnelles. Quand j’ai décidé de me lancer, j’ai aussi choisi de travailler sur ma productivité et mon rythme de travail. C’est donc 85% de ce million de mots qui ont été écrits dans les 5 dernières années. 

Quelles leçons en tirer? 

Il est possible de mal appliquer un bon conseil. 

Les séances d’écriture les plus difficiles donnent parfois les meilleurs résultats. 

La créativité se développe au même titre qu’un muscle : avec beaucoup de répétition et de la constance. 

La créativité est aussi intrinsèquement liée à la santé physique et mentale. Si on néglige un de ces aspects, il ne faut pas se surprendre de frapper un mur au moment d’écrire. 

L’écriture d’un roman est une tâche intimidante, et la diviser en petits objectifs au fil des semaines permet de garder la motivation en vie. 

Il faut célébrer chaque victoire et chaque réussite au moment où elles se présentent. Pour moi, les jours de sortie de livre sont rarement des moments de grande satisfaction, alors je prends soin de souligner les moments qui me remplissent de fierté au fur et à mesure. Celui-ci en est un! Merci de le partager avec moi. Levons notre verre au million suivant! 

Publié par Mélanie

Mélanie Dufresne est une auteur émergente de science-fiction et de fantastique. habite à Québec avec son conjoint et ses deux enfants. Entre la vie de famille et le travail, elle aime bien lire et faire de la randonnée.

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